Le Soleil
Arts magazine disques, samedi, 22 mars 2008, p. A12
Tokio Hotel
Invasion allemande
Lavoie, Kathleen
À sa première visite au Québec en février, le quatuor rock allemand Tokio Hotel a créé toute une commotion dans la métropole. Des hordes de fans, principalement des adolescents, sont allées accueillir les quatre musiciens - les jumeaux Bill (voix) et Tom (guitare) Kaulitz, le bassiste Georg Listing et le batteur Gustav Schäfer - à l'extérieur des studios de MusiquePlus, puis au National, où ils ont offert une prestation à guichets fermés.
Pareille démonstration d'affection ne serait pas si exceptionnelle si Tokio Hotel était déjà venu promouvoir sa musique, voire si le groupe avait déjà fait paraître un album chez nous. Mais le quatuor de Magdebourg, en Allemagne, dont l'anglais est plutôt primaire, n'aurait jamais même contemplé le projet de quitter le continent européen pour l'Amérique du Nord, n'eut été de l'impact obtenu ici par l'entremise d'Internet.
Idoles incontestées des jeunes européens depuis la sortie de Schrei en 2005, puis de Zimmer 483 deux ans plus tard, Tokio Hotel a vu la rumeur l'entourant prendre des proportions phénoménales avec la parution de Scream, également en 2007. Ce disque, qui sort chez nous mardi, est précédé de l'extrait Ready, Set Go! et propose une combinaison des succès du groupe en traduction anglaise.
Trois millions d'albums vendus à leur actif en Europe et une popularité sans cesse grandissante hors de leur pays, notamment en Italie, en Israël, en Suède, en Belgique, en Suisse, et en France - où ils auraient contribué à la hausse de popularité des cours d'allemand chez les adolescents! - , les quatre musiciens âgés entre 18 et
20 ans prennent maintenant d'assaut l'Amérique du Nord.
Avec l'aide de l'interprète du groupe, Le Soleil a recueilli les impressions des quatre musiciens.
Q L'Amérique du Nord constitue un nouveau marché pour vous. Grâce à Internet, vous avez cependant beaucoup de fans ici. Avez-vous été surpris de la chaleur de leur accueil?
Tom : Nous sommes complètement dépassés par cet accueil! Quand nous sommes partis pour le Canada, on s'est dit : "Allons voir ce qui se passe là-bas..." On pensait devoir distribuer des affiches nous-mêmes dans la rue pour que les gens assistent à nos spectacles!
Bill : Tout à fait! À la place, les deux spectacles de Montréal et Toronto étaient présentés à guichets fermés, même si nous n'étions jamais venus et que notre album n'avait pas encore été lancé. C'est extraordinaire! Il y avait même des fans qui étaient là pour nous accueillir, en criant et en chantant les chansons! C'était très intense! Nous avons adoré!
Q Qu'espériez-vous de ce premier voyage en Amérique du Nord? Avez-vous l'impression qu'il s'agit d'un second début pour vous?
Tom : C'est exactement ce que nous ressentons, mais dans le bon sens. (...)
Bill : C'est vrai. Vous essayez de deviner comment les gens vont réagir, comment ils vont percevoir votre musique, comment ils vont agir, de quoi ils vont avoir l'air. C'est un peu comme un blind date! Ça fait un peu peur, mais c'est toujours aussi agréa-ble de rencontrer des fans pour la première fois!
Tom : Pour nous, ce n'est pas une question d'attentes et de buts. (...) Étant donné que nous sommes un groupe allemand, aucun d'entre nous n'a jamais osé rêver de venir en Amérique du Nord. Ce n'est pas quelque chose de très fréquent pour les groupes allemands. C'est pourquoi nous sommes emballés d'avoir cette occasion et espérons que les gens aimeront ce que nous faisons.
Q L'album que vous sortez ici mardi, Scream, inclut des versions anglaises de pièces que vous avez fait paraître en allemand. Quelle réception croyez-vous qu'elles auront ici?
Bill : Je ne sais pas quel genre de réception on obtiendra. On espère seulement que les gens se reconnaîtront dans notre musique. On espère qu'ils se laisseront toucher. Tout ce que nous voulons, c'est connecter avec eux. J'écris toujours au sujet de choses qui arrivent dans nos propres vies ou encore celles de nos amis et des membres de nos familles. Certaines chansons, en particulier celles de notre deuxième album allemand, sont même influencées par les vies de nos fans. (...)
Q Que pouvez-vous nous dire de vos influences musicales? On entend beaucoup de choses différentes dans votre musique!
Gustav : C'est drôle parce que nous n'avons jamais eu de réelle influence sur notre musique...
Tom : C'est vrai... Nous avons tous des goûts si différents en musique et nous écoutons tous des choses tellement différentes qu'on ne s'entend jamais sur les groupes et les artistes! (Rires) Cela dit, nous avons toujours voulu créer notre propre son et ça, c'est quelque chose sur lequel on s'entend tous sur le plan musical!
Bill : Et la création de ce son, c'est quelque chose qui est arrivé sans qu'on la force. Lorsqu'on s'est retrouvés ensemble pour la première fois dans le local de répétition, c'est ce qui est ressorti et c'est de là que tout vient.
Q D'avoir deux frères comme leaders, cela influence-t-il la dynamique de groupe?
Gustav : Définitivement.
Georg : Particulièrement quand ils se chicanent!
Bill : Tout à fait! Et c'est une situation à laquelle personne ne devrait se mêler! Lorsque nous nous disputons, Tom et moi, c'est toujours très émotif, très explosif. Mais dès que quelqu'un essaie de s'en mêler, ça se tourne généralement contre lui.
Tom : Ç'a toujours été comme ça. Peu importe ce qui arrive entre nous, si quelqu'un tente d'arbitrer un conflit entre nous, on se transforme en équipe! Ce genre de choses doit rester entre Bill et moi.
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